I. La production :

 

1. Etude théorique :
 
les différentes filières de production.

2. Etude expérimentale : fabrication de bioéthanol.

3. Problèmes soulevés suite à notre expérimentation

 

   

1. Etude théorique : les filières de production

 

    Un biocarburant est un composé liquide ou gazeux obtenu à partir de matières organiques végétales (ou animales) issues de la biomasse. La biomasse correspond ici à des produits ou déchets biodégradables issus pour la plupart de l’agriculture, de la gestion des forêts et des déchets industriels et municipaux.

    Un biocarburant, au même titre qu’un carburant, est un composé dont la combustion permet la production d’énergie, et est donc capable de faire fonctionner un moteur.

 
Il existe différents moyens de fabrication des biocarburants, à savoir :

 

· Les filières classiques (biocarburants de première génération): elles utilisent comme matière première des plantes de différentes catégories :

 

    - A partir d’huiles comme celles du colza et du tournesol (plantes oléagineuses), on peut obtenir du biodiesel par un procédé d’estérification.
    - A partir du sucre contenu dans la betterave ou la canne à sucre (plantes sucrières) ainsi que le blé, le maïs ou la pomme de terre (plantes amylacées où le sucre est stocké sous forme d’amidon), on peut obtenir par un procédé de fermentation du bioéthanol.

   On peut noter que la distillation d’éthanol de betterave engendre des résidus non-alcoolisés, les vinasses, répandus en guise de fertilisant sur les champs. Le blé donne également des vinasses, qui elles sont intégrées aux « drèches ». Ces résidus de distillerie sont utilisés dans l’alimentation animale car ils sont riches en protéines. Les résidus de production sont donc optimisés.

 

 

· Les filières du futur (biocarburants de deuxième génération) : elles utilisent de la biomasse lignocellulosique, composée essentiellement de cellulose (bois) provenant de déchets organiques (exemple : boues de station d’épuration), de résidus agricoles et forestiers, et de certaines cultures dédiées (à croissance rapide, comme l’eucalyptus et le peuplier) :

  

    - Par un procédé thermochimique utilisant la gazéification, on peut synthétiser des hydrocarbures.

    - Par un procédé biochimique utilisant l’hydrolyse enzymatique, on peut récupérer les sucres présents dans la biomasse et on obtient de l’éthanol par fermentation (comme dans les filières classiques).

 

 

L’utilisation de la biomasse présente plusieurs avantages : elle recycle le CO2, elle est renouvelable, elle est produite localement et elle présente un très fort potentiel de croissance. De plus, elle utilise la plante entière.

 

Remarque :

·  Le biodiesel et les hydrocarbures obtenus par les différentes filières ne sont généralement pas utilisés purs mais sont incorporés dans du gazole.
De même, le bioéthanol obtenu dans les deux filières est mélangé à de l’essence.

   

·  Les proportions en biocarburants des carburants utilisés sur le marché varient en fonction des régions, des pays, des législations et des politiques menées. Elles atteignent un niveau record au Brésil, grâce à l’exploitation de la canne à sucre. Ici, le bioéthanol peut même être utilisé pur avec des moteurs adaptés dits flex fuel. En revanche en France le pourcentage de biocarburant mélangé aux carburants reste très faible (aux alentours de 5% dans le gazole).

·  La nature des biocarburants utilisés dépend elle aussi des régions.

 

 

 2. Etude expérimentale : la fabrication de bioéthanol


(Voir le flacon joint à notre production finale).

 

NB : Des indications précises sur notre propre expérimentation et nos calculs se trouvent en annexe, sur le power point qui fera l’objet de notre oral.

 

    Nous avons choisi de fabriquer un bioéthanol à partir de betterave fourragère (à défaut de betterave sucrière, que nous n’avons pas pu nous procurer). C’est en effet l'un des moyens les plus utilisés en France, et nous avons cherché à savoir de manière expérimentale pourquoi ce type de production n’est plus considéré comme une solution d'avenir. Ajoutons au passage que cette fabrication nous était réalisable avec les moyens dont nous disposions.

 

Voici les différentes étapes essentielles de fabrication que nous avons suivies:

 

 · La première étape consiste en l’extraction du jus de la betterave. Le plus simple est d’utiliser une centrifugeuse ménagère, qui permet simultanément le broyage et la séparation  « chair/jus » de la betterave.  C’est aussi un bon moyen pour optimiser le rendement, car il y a plus de perte de jus si l’on commence par mixer la betterave puis que l'on extrait le jus, par exemple à l’aide  d’une centrifugeuse, ou d’un montage type Büchner (filtration avec pompe à vide, à l’aide d’un circuit à eau).

 

·  Il faut ensuite réaliser la fermentation alcoolique du jus ainsi obtenu. Une fermentation est une réaction qui permet la transformation de certaines substances organiques grâce à des enzymes produites par des micro-organismes (tels que les levures). 
        Dans le cas de la fermentation alcoolique, du sucre est transformé en éthanol (alcool éthylique). Pour cela on met simplement le jus en présence de levure de bière (de boulanger ou Saccharomyces cerevisiae) selon l'équation -simplifiée- :

1 glucose --> 2 éthanol + 2 CO2.

Il est nécessaire de laisser ce mélange fermenter dans un milieu fermé (pour les priver d’oxygène) ; sinon, les levures réalisent un autre type de réaction utilisant l’oxygène de l’air : la respiration. Le temps nécessaire à la fermentation totale du glucose contenue dans le jus dépend de cette quantité, et de celle de levure ajoutée.

 

·   Pour finir, la dernière étape consiste en la séparation de l’alcool et du jus. Cela est permis par le procédé de la distillation. Cette opération permet la séparation de différents constituants d’un mélange, grâce à l’évaporation. En effet, les différents constituants d’un mélange ne s’évaporent pas à la même température. Dans notre cas, l’alcool s’évapore en premier à une température de 78°C (environ). On utilise donc un montage de distillation : on chauffe le mélange dans un ballon, on récupère les vapeurs que l’on recondense à l’aide d’un condensateur à eau. On récupère donc du bioéthanol.


    Remarque : il est possible de retrouver les résultats obtenus expérimentalement par le calcul, si l’on réalise un dosage du glucose du jus de la betterave. Pour retrouver toutes les étapes de notre propre expérimentation et nos calculs, voir en annexe le diaporama sur notre protocole (l'objet de notre oral).

 

3. Problèmes soulevés suite à notre expérimentation :

 

a. L’impact de la production des biocarburants sur l’environnement : agriculture et industrie :

   

Le but de notre expérimentation était de se rendre compte de l’impact environnemental de la production d’un biocarburant. Nous avons donc réfléchis à toutes les étapes de production ayant un effet néfaste sur l’environnement. Ces différentes étapes sont :

 

·   Pour la culture des betteraves :

    -
Les pesticides qui sont utilisés lorsqu’il ne s’agit pas de cultures biologiques mais de cultures intensives (le rendement étant la principale préoccupation) et polluent la nappe phréatique.

    -
Les véhicules employés pour la culture et la production des betteraves (tracteurs, laboureuse,…) qui dégagent des gaz à effet de serre (comme le CO2) lors de leur utilisation, tout en utilisant eux-mêmes du carburant et donc de l’énergie.

    -
L’irrigation, qui utilise parfois des quantités astronomiques d’eau, surtout lorsqu’on cherche à faire ce type de cultures en milieu sec.



    -
La déforestation : en effet, dans certains pays, l’attrait que représentent les biocarburants est si fort que des milliers d’hectares de forêt sont rasés pour faire place à des cultures fournissant les matières premières des biocarburants.

 

                       


     Prenons pour exemple les forêts pluviales d’Indonésie, dont
98 % seront détruites dans une quinzaine d’années, s’accompagnant de la disparition de nombreuses espèces sauvages (des espèces emblématiques de la faune comme l’éléphant asiatique, le tigre de Sumatra ou l’orang-outan de Bornéo) victimes de la destruction de leur habitat. Dans cette région du monde, les forêts sont aujourd’hui abattues dans une ruée effrénée pour la production de l’huile de palme (destinée à la fabrication de biocarburants).

    Outre la perte d’une biodiversité très riche propre aux forêts tropicales, on craint que la monoculture du palmier à huile ne mène à une catastrophe écologique : elle rendrait en effet le milieu vulnérable à  des maladies, ce qui nuirait aux populations locales qui vivent des ressources de la forêt.

 

·   Pour le traitement des betteraves :

    -
Les transports -comme les camions citernes-(entre les différentes usines de traitement, et jusqu’à la pompe à essence) qui utilisent, comme les véhicules agricoles cités précédemment, des carburants dégageant des gaz à effet de serre et des microparticules dans l’atmosphère par leur combustion.

    -
Les usines de traitement de betteraves polluent l’atmosphère, suite à différentes opérations telles que l’extraction de jus de betterave, qui impliquent le recours à des engins mécanisés.

    -
La fermentation, une étape principale de la fabrication du bioéthanol, dégage elle aussi du CO2. 

       Nous avons plus particulièrement étudié les dégagements de CO2 (gaz à effet de serre) pendant la fermentation durant notre expérimentation. Nous avons pour cela réalisé un montage visant à mettre en évidence et à quantifier ce dégagement de CO2,  par son orientation dans une colonne d’eau graduée (voir Power Point de notre orale) : 100mL de jus fermenté dégagent 970mL de CO2. D’autre part ces résultats expérimentaux ont pu être vérifiés par le calcul grâce à l’équation de la fermentation alcoolique détaillés plus haut.

 

 

    Remarque : L’impact de la production des biocarburants sur l’environnement dépend avant tout de la matière première utilisée (à partir de maïs aux Etats-Unis, de canne à sucre au Brésil, de betterave-70 %- et de blé -30 %- en France). Ainsi le rendement énergétique de la canne à sucre est quatre fois meilleur que celui de la betterave : l’impact écologique sera donc moindre avec la canne à sucre pour produire une même quantité d’énergie.

 

 

b) Le cas de conscience soulevé par l’utilisation de terres cultivables :

 
   On estime que 3 milliards de personnes mourront prématurément de faim et de soif dans le monde. La voiture du riche mangera-t-elle le grain du pauvre ?

   

Certes, les terres utilisées en priorité ne sont autre que les jachères (la mise au repos des sols), réinstauré par Bruxelles afin de réduire l’excédent alimentaire (même si cela peut paraître paradoxale devant les problèmes de sous-alimentation dans le Tiers monde). Paris a donc au départ promus les biocarburants pour que les agriculteurs touchés puissent limiter leurs pertes de revenus. Le maintien de 10% de jachères industrielles par rapport aux surfaces cultivées constitue une véritable réserve pour la production de biocarburants de première génération.

 

Cependant, la production de biocarburant à partir de produits agricoles risque de faire concurrence à l’alimentation si son expansion continue à cette vitesse, car ces cultures monopolisent une part croissante des terres cultivables, les jachères ne suffisants plus à combler les besoins. Par exemple, aux Etats-Unis, les capacités américaines de production de biocarburant devront doubler afin d’atteindre les directives fixées par le gouvernement (en janvier 2007, George Bush a souhaité qu’ils représentent 15 % du carburant utilisé par les véhicules aux Etats-Unis). Fidèle Castro en  a dit : « La sinistre idée de transformer la nourriture en carburant est donc définitivement devenue la grande orientation économique de la politique étrangère de Washington. ». Le développement des biocarburants ne pourra donc pas s’effectuer sans de sérieuses mesures en aval pour maîtriser la demande.

   

D’autre part, l’engouement pour le bioéthanol (dont l’enjeu représente aussi pour de nombreux pays la volonté de réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger) s’accompagne d’une envolée des prix de l’alimentation : les céréales sont considérées comme une valeur marchande sur laquelle on pourrait spéculer, et les prix des produits agricoles de base sont désormais liés à ceux du pétrole. Ainsi le prix du maïs atteint des niveaux records, en partie en raison des stocks mondiaux qui n’ont jamais été aussi bas depuis trente ans, mais aussi, car une part de plus en plus importante du maïs mondial est destinée à la filière du bioéthanol.

   

 En outre, certaines population parmi les plus pauvres, dans les pays du tiers monde, seront forcées de cesser leur consommation des produits à la base de leur alimentation et de s’adapter  à leur dépend. Par exemple, la racine de manioc qui est l’aliment principale de plus de 200 millions d’Africains parmi les plus pauvres du continent, intéressent grandement les producteurs de bioéthanol en raison de sa haute teneur en amidon. Etant donné que le prix du manioc augmente, il n’est plus à la portée de ces personnes ; ils doivent trouver des solutions de repli, rares en ces temps ou toutes les denrées alimentaires coutent de plus en plus cher. On peut donc dire que les biocarburants représentent une menace pour la sécurité alimentaire.

 

 

 Enfin, on pourrait ajouter que les exploitations visant à la fabrication de bioéthanol ne se font pas toujours dans le respect des droits de l’Homme (conditions de travail déplorables pour les coupeurs de canne à sucre : salaires de misère pour un travail très dur).

 

 


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